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Métamorphoses et Multimédiamorphoses

 

II.4. Art et technologies nouvelles

" Innover, ce n'est pas avoir une nouvelle idée, mais arrêter d'avoir une vieille idée. "
Edwin Land


Aujourd'hui, l'art informatique s'affirme en tant que discipline artistique, par des manifestations de plus en plus renommées et nombreuses : Ars Electronica, Art futura, Imagina, Nicographn Siggraph … La multiplication des événements et lieux de rencontre, comme le festival Ars Electronica de Linz ou l'Imagina organisé par l'INA, mais aussi les rencontres alternatives comme Action Reseaux Numériques qui se sont déroulées à Lorient, témoigne de la constitution d'une communauté artistique (pouvons-nous parler d'une " scène " ?) qui dialogue autant avec les informaticiens et les chercheurs qu'avec leurs homologues dans la création plastique traditionnelle.

A la frontière de l'art et de la technologie, les arts du numérique expérimentent avec imagination, humour et une bonne dose de provocation la coexistence étrange de l'homme et de la machine dans un processus de création qui ne laisse pas indifférent.


Car le mot d'ordre semble être à l'expérimentation : comme s'il s'agissait de faire éclater au grand jour des questions refoulées en poussant à l'extrême la fusion homme-machine déjà présente comme une tendance dans la vie quotidienne.

Sur le net, les contre-cultures ont trouvé un terrain de jeu et d'expression particulièrement approprié.

Ici comme ailleurs, la structuration décentralisée et non contrôlée du net est particulièrement propice à toutes les manipulations et tous les détournements, notamment sous la forme du " hacking ". Le détournement des outils technologiques et des structures de communication comme instrument de contestation d'un ordre social jugé répressif et politique peut devenir le sport favori de certains groupes de la société.

Les particularités de l'art numérique sont la confrontation de la création artistique avec un environnement fortement technologique. Cela produit un entrelacement de problématiques politiques, sociales et esthétiques : placées sous le signe du futur, les technologies numériques sont encore largement marquées par l'indétermination, - certains voudraient parler d'une attitude " passéiste " - , permettant toutes les projections, tous les fantasmes. Parce qu'ils représentent ces technologies en même temps qu'ils les utilisent, les artistes participent activement à définir la perception que nos sociétés ont des technologies qu'elles créent. (La culture " cyberpunk " comme source d'inspiration pour nombre d'entre eux en représente le versant le plus pessimiste.)

A l'aube du troisième millénaire, certaines œuvres ont même réussi à s'imposer dans le monde de l'art institutionnalisé. C'est ainsi que lors de la traditionnelle FIAC, la foire internationale de l'art contemporain, l'artiste Fred Forrest a récemment réalisé une première mondiale : la vente aux enchères d'un site artistique, " couleur-réseau ", qui fut adjugé pour 180 000 francs. Constitué de dix-sept pages apparemment monochromes, " couleur-réseau " n'est accessible qu'à son seul propriétaire, via un code d'accès. Un beau coup, astucieusement préparé par une campagne marketing ciblée sur les sympathisants de la nouvelle économie.

Si certaines œuvres numériques présentent un réel intérêt aujourd'hui, c'est parfois moins pour leurs qualités esthétiques que pour les questions morales et philosophiques qu'elles soulèvent, en particulier, celle du rapport entre la réalité et la représentation.

Les images sont transformées en nombres de l'algorithme binaire. Dès lors, la création artistique n'est plus fonction de la relation de l'artiste au réel, mais de sa relation à la simulation du réel, où la manipulation et la falsification représentent le côté négatif.

Le travail sur une machine où l'expression physique ne peut intervenir oblige les artistes à repenser leur rapport au corps.

Ainsi, Aziz & Cucher inventent des images de corps monstrueux, " mutilés " par des procédés numériques.

Dans un tout autre registre, Inez van Lamsweerde interroge l'idéal de beauté à travers la " construction " numérique de corps parfaits.

Des manipulations numériques aux manipulations génétiques, il n'y a qu'un pas, franchi par ces artistes, dont les images choc constituent une dénonciation d'un monde qui ne serait plus peuplé que de GI's et de poupées Barbie !

Quant aux images du photographe allemand Thomas Ruff, elles semblent répondre aux attentes d'un constat sobre de la réalité, mais à première vue seulement. En seconde lecture, elles portent l'empreinte d'un scepticisme fondamental à l'égard des concepts de vérité et d'authenticité, concepts qui tendent à se servir de la photographie comme d'une " preuve .

L'outil technique exerce en effet une influence décisive sur la forme. En modifiant les paramètres et en manipulant en partie l'image sur ordinateur Ruff nous montre que tout appareil (de prise de vues) est créateur de la réalité qu'il prétend dévoiler. Ruff qualifie ses propres œuvres de " documents de l'incroyance ", car elles reflètent les conditions des perceptions, la spécificité du médium photographique et la dimension politique implicite de son emploi.

Les affiches de Thomas Ruff mettent en évidence cette dimension politique : dans de grands montages informatiques réalisés dans le style de John Heartfield, Ruff ironise sur l'autosatisfaction des politiques d'aujourd'hui.



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