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Métamorphoses et Multimédiamorphoses

 

II.5. L'image … un point de vue ?


" La beauté n'exige pas si nécessairement que l'on soit riche et original dans les Idées; elle exige bien plutôt la conformité de l'imagination en sa liberté à la légalité de l'entendement. Car toute la richesse de l'imagination en sa liberté sans loi ne produit rien que d'absurde; la faculté de juger est en revanche le pouvoir de l'accorder à l'entendement. "

Emmanuel Kant


L'adhésion à l'image au cours des siècles ne s'est nullement fondée sur la perfection technique de l'illusion : L'image opère d'abord la rencontre des regards, elle est ancrée dans la philosopie de la vie qui caracterise chaque époque et chaque groupe social.

Il n'y a pas une façon de représenter le visible, et nous sommes passés par beaucoup de stades : De l'image mesurée par les angles des grecs à celle de la pyramide visuelle de la Renaissance, de l'image subordonnée au message biblique à celle de la veduta, la fenêtre ouverte sur le monde, où l'homme s'affranchit du regard de dieu pour organiser l'univers à sa mesure, en changeant de point de vue.

Le XIX siècle va renforcer l'illusion de réalité dans la production des images : la propagation rapide de la photographie concurrençant les artistes sur le terrain du réalisme va reprendre les codes visuels mis en place à la Renaissance. En effet, l'appareil photo hérite à cause de son système optique de la perspective centrale à un point de fuite.

Nous pouvons percevoir cette préoccupation avec le point de vue dans les recherches cubistes. Picasso s'efforçait, entre autre, de construire une figuration originale liée aux réalités du phénomène perceptif. Dans la réalité, un objet est toujours perçu de façon multi-senorielle. Le point de vue unique et fixe imposé par la perspective d'Alberti ne le satisfaisait pas pour rendre compte des réalités dans leur complexité. Cette approche justifiait " la présence sur un même plan, d'une face et d'un profil, des seins et des fesses, du ventre et du dos, articulés hors de toute référence anatomique." Contrairement aux idées reçues, le cubisme cherchait la totalité de la réalité, dans une démarche de réalisme extrême.

Avec l'arrivée du cinéma, l'aspect du point de vue changeant est resolu de façon différente. Le spectateur peut s'acheter le plaisir d'une représentation cinématographique qui s'ancre dans la reconnaissance d'une histoire faite pour le spectateur, qu'il vit à travers le trajet de la caméra, comme s'il y était. Le " gros plan " et le changement de point de vue pour accompagner l'action s'imposent, et actuellement les recherches sur le mouvement, les surimpressions, les effets de ralenti ou d'accéleré s'ajoutent à la pluralité des modes de représentation.

L'expérience du regard devient une expérience de la maîtrise de l'espace représenté.

Le dernier grand bouleversement a lieu actuellement avec l'invention de la photo numérique, car il n'y a plus de négatif qui pourrait constituer une preuve que nous avons été là. Grâce à la révolution numérique, le caractère " réaliste " de l'image devient encore plus illusoire, car elle peut être modifiée, manipulée, voire créée à partir de rien, à l'aide de logiciels. C'est une image virtuelle et immatérielle dont la seule réalité consiste en son apparition lumineuse sur l'écran de l'ordinateur.

Le traitement numérique ouvre de nouvelles voies aux artistes et annonce dans un futur proche une véritable révolution de notre rapport avec les œuvres, notemment par l'interactivité qu'il permettra.

Bientôt, nous pourrons choisir nous même notre propre point de vue dans une œuvre produite par quelqu'un d'autre !

Je ne possède pas - hélas ! - des connaissances suffisantes en informatique pour produire un travail véritablement interactif sur mon ordinateur. Cependant, je peux manipuler, modifier, modeler et même créer des images numériques.

Pour cette maîtrise, j'ai donc créé des images nouvelles par de combinaisons différentes et même ex nihilo , à partir d'aucun support préexistant.

Alors, passons à l'acte !


II.5. Montages

" Rien ne se crée,
rien ne se perd,
tout se transforme "
Lavoisier

Dans mon travail, je combine la production sérielle et des transformations des images, mon outil de reproduction mécanisée étant l'ordinateur et son imprimante.


II. 5.a. Métamorphoses du signifié

Le point de départ était constitué par deux peintures exécutées librement à l'encre de deux femmes d'abord et d'un homme et une femme, ensuite. J'ai numérisé ces images archétypales et j'ai procédé par photomontage au remplacement d'une personne par une autre. Dans le cas de l'image archétypale d'homme et femme, le visage féminin était remplacé par le visage d'une autre. En l'occurrence, ma source était une photo en noir et blanc d'une star trouvée dans le domaine public de l'Internet. Par des retouches phototechniques j'ai pu obtenir des valeurs colorimétriques voisines pour les deux images disparates et égaliser leur aspect.

Cette étape aboutissait à l'image d'un couple différent et semblable à la fois, une personne ayant été écartée, l'autre gardée, nous faisant deviner une autre relation.

Pour la troisième étape, j'ai remplacé le profil de l'homme peint par le profil d'un autre homme, une deuxième star " trouvé " dans l'Internet, construisant ainsi par photomontage un couple totalement différent par rapport à la première image.

J'ai continué selon la même logique, en gardant toujours l'image d'une personne sur deux et en remplaçant l'autre par la photo d'une star ou d'une personne de mon entourage. Ainsi, j'ai obtenu une série ouverte ou les images se métamorphosent progressivement, mélangeant réalité et fiction, peinture et photographie.


II. 5.b. Métamorphoses de la forme


Ensuite, j'ai appliqué des filtres phototechniques à cette série afin de la transformer à son tour. Avec un logiciel de retouche bitmap (Corel photo-paint9), j'ai enlevé les couleurs de l'image, avant d'appliquer un contraste maximal avec une réduction des valeurs intermédiaires au noir et au blanc, donnant ainsi une image réduite à l'essentiel

En parallèle à l'emploi d'un filtre à contraste élevé, j'ai expérimenté avec une géométrisation des plages colorées des images obtenues par photomontage afin de dissoudre les formes observables et de les fractionner. Les visages des hommes et des femmes paraissent maintenant comme construits par des bandes plus ou moins disjointes dans les couleurs des images. Moyennant d'autres filtres, ces bandes se colorient progressivement jusqu'au remplacement complet des couleurs des images du départ par des larges bandes parallèles colorées aux couleurs primaires et secondaires, les parties éclairées restant en blanc.

Finalement, j'ai continué chaque bande sur les parties éclairées, en inversant (couleurs complémentaires) la couleur de chacune, le logiciel utilisé opérant en mode fractal

Pour la deuxième série de mes expérimentations, j'ai rendu les images plus complexes. Le logiciel à calcul fractal me permettait non seulement un fractionnement de l'image, mais aussi une multiplication. Ainsi, j'ai obtenu des images colorées aux reflets multiples, à l'instar d'un jeu de miroirs déformants.

Finalement, j'ai reproduit la même image de centaines de fois, en programmant de changements à peine perceptibles d'une image à l'autre, pouvant tapisser des murs entiers, donnant - peut-être - une œuvre multipliée et multiple.

 



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