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Métamorphoses et Multimédiamorphoses

I. Avant-propos


" La métamorphose ne parut jamais à mes yeux que comme le haut et magnanime retentissement que j'attendais depuis longtemps "
Lautréamont

I.1. Définition

En zoologie, la métamorphose signifie l'ensemble des transformations morphologiques qui se produisent au cours de la vie d'un animal. Dans la métamorphose complète, il y a une nette distinction entre les stades du développement de l'animal. Au sens figuré, il peut s'agir soit d'une évolution, soit d'une transformation radicale. Le verbe "métamorphoser " peut être utilisé dans le mode transitif ou pronominal et indique l'action de changer radicalement la forme, la nature ou l'état de quelqu'un ou de quelque chose.


I.2. Métamorphoses et Multimédiamorphoses


" Pour dépasser Duchamp il faut être prêt à remettre l'art en question, à devenir le lieu et l'espace de sa propre interrogation c'est-à-dire à chercher les limites de l'art. L'avant garde est aujourd'hui de remettre l'avant garde en question en tant qu'avant garde. "
Ben

N'est-il pas bien naturel que toutes les métamorphoses dont la terre est couverte aient fait imaginer dans l'Orient qui a tout imaginé, que nos âmes passaient d'un corps à un autre ? Un point presque imperceptible devient un ver, ce ver devient papillon ; un gland se transforme en chêne, un œuf en oiseau ; l'eau devient nuage et tonnerre ; le bois se change en feu et en cendre ; tout paraît enfin métamorphosé dans la nature. On attribua bientôt aux âmes, qu'on regardait comme des figures légères, ce qu'on voyait sensiblement dans des corps plus grossiers. L'idée de la métempsycose est peut-être le plus ancien dogme de l'univers connu, et il règne encore dans une grande partie de l'Inde et de la Chine.

Mais, il ne s'agit pas ici de parler de métamorphoses ancrées dans les mythes. A notre époque, nous sommes en présence de métamorphoses autrement plus excitantes : Grâce à l'émergence des nouvelles technologies numériques, un bouleversement se prépare dans le domaine de l'art.

Les méthodes et les outils des artistes changent, les œuvres et leurs statuts se transforment, de nouvelles possibilités pour les artistes se dessinent à l'horizon. Même l'accès aux musées et à la culture se métamorphose avec le développement des musées virtuels. De nouveaux médias interviennent dans la production des œuvres d'art : les cartes sons et les cartes graphiques des ordinateurs, l'immense bibliothèque d'images que représente l'Internet, les cartes vidéo qui permettent la capture et le montage de films… Qui plus est, ces médias sont accessibles à beaucoup de monde avec le développement des ordinateurs individuels.

Nous pourrions même parler de métamorphoses grâce aux multimédias, des " multimédiamorphoses ".

Maintenant, à l'âge postindustriel des technologies de l'information, le statut de l'image même est changé. L'image devient aussi langage formalisé, et elle procède d'une puissance de productibilité informationnelle, et non plus seulement d'un principe de reproductibilité technique, comme l'avait pensé Benjamin. De même, cette image-langage remet en cause l'héritage du musée imaginaire sur lequel repose encore toute notre analyse, sans que nous sachions très bien encore ce que pourraient être les formes d'un éventuel musée virtuel, même si nous pouvons d'ores et déjà les imaginer.

Les territoires nouveaux de la création et de la diffusion artistique nous conduisent aux vertiges des métamorphoses infinies d'œuvres. Nouveaux territoires dont les limites, les règles, les usages, dans le domaine artistique, comme ailleurs, sont loin d'être fixés, car ils ne correspondent - à mon avis - plus aux anciens clivages et découpages, tels que l'actuel débat sur l'art croit pouvoir les situer.

Nous sommes donc en face de nouvelles difficultés quant à la définition de l'art dans ses relations avec l'ensemble de la culture.

S'agit-il de l'avènement d'un nouveau régime d'images ? D'un autre espace ? D'un autre temps ?

Et comment s'y retrouver, dans ce monde changeant, aux repères fluctuants, où nos anciennes certitudes deviennent doutes et où nos confortables habitudes de penser paraissent subitement inadaptées ?

 

II. Démarche personnelle

II.1. Questionnement


" C'est sans doute parce que j'ai deux mécanismes de pensée qui se mettent automatiquement en place devant toute affirmation unilatérale se voulant vraie.
1) Est-ce que cette affirmation du pouvoir en contredit une autre affirmée par ce même pouvoir ?
2) Ensuite s'il y a contradiction je cherche à savoir pourquoi et à qui le crime (la contradiction) profite. "
Ben


Dans le cadre de ma maîtrise en Arts Plastiques, j'essaie de situer mon travail en tant que œuvre qui se transforme.

A notre époque, la notion de l'œuvre s'est profondément modifiée. Mais nous n'avons pas encore vu la fin de cette métamorphose du statut de l'œuvre. A l'aube du troisième millénaire, les nouvelles technologies nous promettent un bouleversement encore plus radical de l'œuvre, du travail de l'artiste et, in fine de l'art.

Les technologies nouvelles me permettent d'appréhender l'œuvre d'une autre façon. Dans un questionnement constant, j'essaie de me repérer entre le réel et le virtuel, la réalité et la fiction réaliste, entre la simulation et la perception subjective mais réelle.

Quelle est mon œuvre, si toutefois il y en a une, quel est son statut ? S'agit-il d'une œuvre d'art ou d'un objet d'art ? Est-ce de l'art ?

Entre la forme et le contenu, le signifiant et le signifié, et, surtout, entre le réel et le virtuel, mon œuvre bascule et se métamorphose, sans cesse.

II.2. Forme


" Si je reste un jour dans l'histoire de l'art c'est parce que le message écrit devient de plus en plus important. Il remplace les fleurs, les femmes nues et le paysage sur un tableau. "
Ben


La démarche formaliste de certains des artistes minimalistes me séduit par la production ordonnée et sérielle, témoin du détachement de l'artiste vis-à-vis de son œuvre.

Devant l'art minimaliste nous ne sommes plus en présence d'un bel objet appelant la contemplation. Nous nous trouvons plutôt confronté à sa définition et aux différents effets de son exposition. L'art minimal et conceptuel tend en effet, par un discours sur et autour de l'œuvre, à négliger l'expérience subjective de la perception humaine grâce une distanciation conceptuelle entre l'objet d'art et le spectateur.

Des solutions plus radicales et plus littérales sont apportées en 1961-1962 par des artistes plus jeunes, qui abandonnent la peinture. Ainsi, Sol Lewitt multiplie des modules de base, carrés ou cubes, qui n'ont de signification que comme unité conceptuelle.

Toute interprétation, par un dessinateur de la certification (page suivante) doit nécessairement être très précise : son succès dépend de l'exécution de l'artiste, la complexité de la composition augmentant de gauche à droite.


L'œuvre est l'aboutissement d'un processus de création et de réalisation déterminée à l'avance, par l'expression extrême du formalisme.

De cette démarche, la chance, le goût, le souvenir, l'émotion, les désirs de l'auteur ne jouent aucun rôle : l'artiste sériel fonctionne comme un commis aux écritures, comme un ordinateur exécutant pas à pas un programme, qui pourrait être - et l'est concrètement en ce qui concerne les œuvres murales - exécuté par des ouvriers

Par contre, l'aspect phénoménologique - l'expérience de l'acte de perception avec sa dimension temporelle - bien que revendiqué par les artistes, ne semble pas toujours évident, à mon avis. Ces œuvres d'un style puritain et strict, d'où tout contenu est congédié, privilégient l'ordre et excluent l'indétermination humaine et naturelle, - ou rien ne correspond à un modèle mathématique idéal, - au profit exclusif de la programmation.

Tout en adoptant la méthode de la programmation sérielle, j'affirme donc résolument mon parti pris pour l'art producteur des formes et des images, elles-mêmes plus proche de la vie.


II. 3. Contenu


" On me reproche de ne jamais être d'accord avec le discours officiel du dominant quel qu'il soit. "
Ben


Production sérielle, matériaux usinés, recours à des formes géométriques primaires, dominent donc dans l'art minimal. L'œuvre se définit comme structure, comme système, et des théories du langage et du structuralisme ont largement alimenté le mouvement.

Mais l'homme n'est pas aussi rationnel qu'il veut bien le croire. La psychologie n'est rien d'autre que l'étude rationnelle de l'irrationalité de l'homme ou plutôt, sinon de son absence de rationalité, d'un comportement dans lequel la " logique " est un luxe de l'être. C'est une façon idéale d'organiser le monde, rajoutée à la manière spontanée dont celui-ci s'organise dans la perception pour constituer un tout opératoire.

L'espace, comme le temps, n'existe alors que par ce qui le remplit. L'Espace vide des physiciens est une notion purement géométrique qui se réduit à une abstraction pure et ne vaut que dans le monde des concepts.

Parmi les artistes du 20me siècle, certains n'ont jamais renoncé à la représentation. Parmi eux, Maurits Cornelis Escher constitue une exception car il s'est tenu toujours à l'écart des courants artistiques et des avant-gardes modernes.

Ce dessinateur graveur hollandais disparu en 1972 possédait une maîtrise parfaite de la technique de la gravure. On s'accorde à répartir ses travaux en deux parties : ceux réalisés avant 1937, et ceux produits à partir de cette année où il commença à donner plus librement cours à l'expression de sa propre imagination.

Dans la seconde période, l'artiste s'intéressait davantage à ses propres inventions et idées et ne cherchait plus à représenter le monde réel. Ces compositions sont probablement les plus connues d'Escher, tout comme les architectures à la réalisation physiquement impossible. Dans ses œuvres, il explora la structure de l'espace, la structure de la surface, et la relation entre espace et surface par rapport à la représentation.

Il commença à lier différents aspects de l'espace et à faire de plus en plus un double usage des contours, à répéter parfois ad infinitum les juxtapositions de figures tout en leur imprimant une métamorphose. Ainsi, il répartissait d'abord la surface de façon méthodique et rigoureuse. Ensuite, il joua sur les mouvements de translation, de rotation et de reflet par rapport à un axe de symétrie.

Ainsi, il a réussi à traduire à la fois par la méthode (les procédés mathématiques et logiques) et par l'idée associée à la forme (la représentation) certains concepts, comme celui de la métamorphose.

Comme lui, je maintiendrai toujours un lien avec l'image et la représentation, tout en privilégiant une production sérielle et ordonnée.


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