Arte Povera et Art conceptuel: Un petit Résumé

(...et un avis personnel)

Avant de tenter d'analyser le courant d'art arte povera, mouvement d'art des années 1960 à 1970, il convient de le placer dans son contexte dans le monde de l'art, en mentionnant de façon brève les mouvements précédents. Ensuite, je donnerai quelques exemples d'œuvres issues de ce mouvement d'art contemporain italien.


Après les années 1940 et 1950, où la peinture américaine dominait avec les mouvements de l'expressionnisme abstrait et du Pop'art, on a vu l'émergence de plusieurs courants. Le terme "Art Conceptuel" a été utilisé pour englober la production artistique de 1960 à1970 qui mettait en question l'orthodoxie des moyens traditionnels de la peinture et de la sculpture . Ce terme contient beaucoup de choses contradictoires , mais son utilité vient du fait qu'il met l'accent sur le concept plutôt que sur les aspects pratiques et la dextérité de l'exercice de l'art. Très vast, l'art conceptuel comprend d'autres approches: L'art-idée, l'art-procédé, l'art-performances, l'art-terre, l'art minimal et "Arte Povera".


Depuis le Cubisme et Dada, on a attaché une importance croissante au choix de matériaux ephémères et sans valeur. Maintenant on pense pouvoir se dispenser également de l'objet d'art. En effet, le conceptualiste Douglas Huebler déclarait en 1968 :"Le monde est plein d'objets plus ou moins intéressants, je ne désire pas en rajouter." Marcel Duchamp était en quelque sorte le précurseur de ce mouvement , car les conceptualistes revenaient à ses idées émises dès 1913. Ils consacrèrent leur énergie à créer un art de l'esprit .

Un art conçu et jugé en esprit n'avait pas nécessairement besoin d'être exécuté. Mais s'il devait l'être, les matériaux utilisés devaient être des objets quotidiens et disponibles. Parfois, le travail ne pouvait être compris qu'en esprit, parce que son échelle empêchait l'observateur de le recevoir dans da totalité, à première vue. Quelques 'œuvres étaient constituées de trous creusés dans le sol puis comblés: A New York, dans le Central Park, Claes Oldenburg avait fait creuser un trou par des fossoyeurs et l'avait ensuite bouché. C'était sa contribution à l'exposition de 1967: La Sculpture dans l'environnement. De même, en 1969 Jachareff Christo, le célèbre sculpteur bulgare, recouvrit une partie de la côte près de Sidney, avec environ 300 00 mètres carrés de toile et 500 kilomètres de corde. L' année précédente, il avait proposé de faire "emballer" la Kunsthalle à Bern. Il continue à utilise ce procédé ( récemment en France).


Il y a eu aussi l'art minimal.Comme le nom l'indique, le Minimalisme veut dire que l'intervention de l'artiste devrait être minimale, c'est à dire, qu'il doit faire le moins possible dans son "œuvre d'art". L'américain Don Judd utilisait par exemple du matériel industriel: de l'acier laminé. Ces matériaux étaient organisés selon une certaine façon (logique?) est présentés par eux-mêmes, ne laissant place à aucune fausse interprétation. L'artiste ne s'y exprimait pas par ces émotions. Le sujet de ces œuvres minimales tient dans la prise de conscience du matériau, et leur propriétés essentielles seraient plus évidentes dans environnement artistique que dans leur contexte habituel. D'ailleurs, le travail n'était plus nécessairement exécuté par l'artiste: Les boîte en acier de Don Judd étaient fabriquées, par d'autres. De la même façon, les peintures murales en séries de Sol LeWitt, qu'il commença en réalisant une lui-même sur le mur d'une galérie de New York en 1968? Sont plus souvent faites par des dessinateurs qui travaillent d'après les indications de l'artiste. En 1971, Sol Le Witt publia 35 aphorismes sur l'Art Conceptuel dans la revue Flash Art. L'aphorisme numéro 8 dit: "Quand on utilise des mots comme peinture et sculpture, cela signifie tradition, ce qui impose des limites à l'artiste". Ces limites furent dépassées, après 1960.


On assiste alors à la désintégration pure et simple de l'objet d'art. Certains comme l'Allemand Joseph Beuys choisissent de s'exprimer par des procédés qui sont en rupture totale avec la tradition. Ainsi, il mena des action artistiques avec une mise en scène éphémère: En parlant pendant des heures à un lapin mort qu'il tenait dans ces bras (How to explain pictures to a dead hare) ou en s'enfermant pendant trois jours avec un coyote. D'autres détériorent l'œuvre d'art volontairement ou bien utilisent des matériaux peu nobles et non durables comme la boue, des brindilles , pour prouver qu'ils importaient moins que l'idée.

C'est cette dernière approche qui fut privilégiée par les artistes de l'Arte Povera.
Cette expression fut forgée par l'historien d'art Germano Celant dans une préface de catalogue pour une exposition à Genova, en 1967.Il s'applique à des œuvres réalisées avec des matériaux ordinaires et naturels, peu orthodoxes, sil'on se réfère à la tradition, et qui inscrivent "l'activité artistique dans une pratique d'événements souvent confondue avec les exigences d'une réalité vécue, impliquée dans un contexte à la fois politique et idéologique." Parmi les artistes qui participent à cette première exposition, il faut citer Alighiero Boetti, Luciano Fabro, Jannis Kounelis, Giulio Paolini et Pino Pascali. L'année suivantes s'y joindront Giovanni Anselmo, Mario Merz Gilberto Zorio, Giuseppe Penone et Michelangelo Pistoletto. C'est à Torino, la ville la plus industrialisée de toute l'Italie, siège de la puissante société FIAT, que vivaient ou travaillaient nombre des artistes impliqués dans l'Arte Povera. Le mouvement doit certainement beaucoup au contexte économique de la fin des années 1960 qui correspondait à la fin du miracle industriel et au début de la récession. Il doit également beaucoup à la montée de la révolte des étudiants, dans le monde, et aux prises de position de certains intellectuels et artistes comme Umberto Eco et Pasolini. Est à prendre également en compte le nouvel engouement pour l'objet design qui coïncide avec l'apparition sur le marché italien, en particulier grâce à la galerie Sperone de Torino, des artistes pop et des minimalistes américains. Par une démarche artistique qui s'employait, comme le dit Germano Celant, "à éliminer, supprimer, appauvrir les signes pour les réduire à des archétypes". Le comportement, l'attitude, le concept et la possibilité d'utiliser n'importe quel matériau, y compris les plus dérisoires, remettent en question la notion même d'oeuvre sculptée ou peinte en tant qu'objet de délectation.

C'est probablement dans cette logique qu'il faut interpréter le geste de Manzoni, qui présentait une boîte de conserve contenant ses excréments et intitulée "Merda d'artista"! No comment.

En 1968, Lors d'une exposition organisée à Amalfi: Arte Povera, Azioni Povere, le mouvement fera l'objet d'un débat qui divisera la critique italienne, tandis que Germano Celant élargit le champs d'action des artistes italiens en jouant la carte internationale. A la Kunsthalle de Bern se tenait l'exposition "When Art becomes Form" qui regroupait pour la première fois des œuvres novatrices conceptuels crées tant en Europe qu'aux Etats Unis. C'est ainsi que les actions de Beuys les mises en situation accusatrices de Sarkis, les feutres de Robert Morris, les Bars de fer de Richard Serra, et les sacs de tissus de Barry Flanagan côtoyaient les roseaux et les torche de Zorio, le tas de charbon de Kounellis ou l'igloo en verre brisé de Mario Merz. Si en 1971 le Kunstverein de Munich organise encore une exposition intitulée Arte Povera, ce label cesse d'être revendiqué par les artistes eux-mêmes, chacun tenant à s'affirmer individuellement.


Comme on ne pouvait pas aller au-delà de ce courant qui niait l'objet d'art lui même, un mouvement de changement de direction commença à se développer qui contrastait fortement avec les méthodes et techniques des Conceptualistes, parce qu'il représentait un retour aux valeurs traditionnelles de la peinture. Ce mouvement, moins excessif et plus pertinent à mon sens allait devenir ce qu'on appelle le Nouvel Expressionnisme. Les peintres recommençaient même à utiliser l'huile , car si l'huile avait servi Rembrandt, Le Titien et Van Gogh, pourquoi ne pas l'utiliser aussi , tout simplement et humblement?


En conclusion, je dirait que le mouvement portait en lui sa fin, car il constituait une sorte d'impasse. Puisque on ne pouvait pas dépasser le "rien", il fallait se tourner dans une autre direction pour ne pas stagner et de nouveau pouvoir développer des idées des méthodes et peut-être , même, des œuvres d'art.

 

 

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